LE LOGEMENT DES PONDEUSES EN FONCTION DE LA TEMPERATURE
Une bonne conception du poulailler de ponte est primordiale pour obtenir une production maximale. Elle doit correspondre à des conditions de température, d'hygrométrie, de lumière et d'hygiène telles que l'état sanitaire, la production et le rendement alimentaire demeurent excellentes, quelles que soient les conditions météorologiques et en dépit des modifications que la poule apporte à son milieu par libération de chaleur et excrétion d'eau.
Le problème est complexe, il admet plusieurs solutions suivant le climat, la poule, les buts recherchés. Elles constituent toutes des compromis plus ou moins heureux, entre les impératifs économiques et les nécessités techniques dans la mesure où nous pouvons les définir.
QUELLE EST L'ACTION DE LA TEMPERATU RE SUR LA PONTE ?
Nous abordons ici une question fort controversée. Les expériences effectuées sur ce sujet sont nombreuses. L'imprécision relative auxquelles elles aboutissent proviennent des difficultés d'expérimentation en ce domaine.
Elles sont de trois ordres :
‑ Pour analyser avec précision l'action de la température sur la production de l'oeuf, mais surtout sur le rendement alimentaire, la majorité des chercheurs effectuent leurs expériences en température constante. Or, dans un poulailler la température varie d'une heure à l'autre, subit des fluctuations quotidiennes avec un minimum vers 5 heures et un maximum vers 17 heures. Il est difficile de transposer dans la pratique les résultats obtenus en température constante.
‑ La deuxième difficulté provient de l'incapacité dans laquelle nous nous trouvons de mesurer les impressions de la poule par une température déterminée. La température de l'air n'est, en effet, qu'une composante du confort thermique. Intervient également la vitesse de l'air, l'humidité et la température des parois, c'est‑à‑dire la température des murs, du sol et des surfaces vitrées. Dans des conditions normales, la poule ne perd, en effet, au contact de l'air que 40 % de la chaleur qu'elle produit. Les 60 % restants sont perdus à raison de 20 % par évaporation au niveau des poumons et de 40 % par radiation. Ces pertes par radiations ne dépendent que de la température des parois, qui a de ce fait, une importance égale à la température de l'air.
‑ La troisième difficulté provient de la liaison qui existe entre la température et l'hygrométrie, une chute de température s'accompagnant presque toujours d'une augmentation de la teneur de l'air en eau et réciproquement.
Enfin, il ne faut pas oublier que la poule possède des moyens de défense propres, plus ou moins efficace selon l'individu, la race ou même l'aménagement du poulailler.
En ambiance froide, la poule réduit tout d'abord ses déperditions de chaleur en hérissant les plumes pour emprisonner une plus grande quantité d'air autour de son corps. On conçoit aisément que dans ces conditions un fort courant d'air, en troublant l'arrangement des plumes, affaiblisse sa résistance à une baisse de température et intervienne directement dans la production et le rendement alimentaire.
Elle peut également lutter contre le froid en s'agglutinant à ses voisines, en s'accroupissant pour mettre ses pattes à l'abri ou en mettant la tête sous l'aile. Dans ce dernier cas, l'économie des calories peut atteindre 12 % pour les animaux à crête simple.
COMPORTEMENT DE LA POULE AUX FORTES TEMPERATURES
Quoi qu'il en soit, nous avons, pour les périodes de temps chaud, des critères physiologiques assez précis pour dire qu'à partir de telle température un troupeau de pondeuses se trouve en conditions défavorables.
Ainsi, nous savons qu'une poule non acclimatée commence à souffrir lorsqu'on la soumet à une température constante de 21 degrés centigrades. Dès cette température on observe, en effet une augmentation de la consommation d'oxygène;
‑ une augmentation de la consommation d'eau, ainsi qu'une augmentation de l'eau évaporée au niveau des poumons, preuves que la poule ne se trouve plus dans des conditions optimum et commence à lutter pour maintenir sa température interne au niveau habituel ;
‑ enfin, fait plus important, l'épaisseur de la coquille commence à diminuer, amenant une baisse sensible de la qualité de l'oeuf.
Lorsque la température se maintient de 26 à 27 degrés centigrades, les signes deviennent beaucoup plus alarmants.
La température centrale s'élève légèrement, démontrant que la poule arrive à la limite de ses possibilités de régulation et exporte ses calories avec difficulté.
A ces températures :
‑ le rythme de la respiration s'accélère ‑ la production de l'oeuf décroit ;
‑ la taille de l'oeuf diminue ;
‑ les coquilles deviennent faibles ;
‑ la qualité de l'albumen se dégrade soit une baisse de rendement et de la qualité de production.
En fait, il faut garder en mémoire que ces résultats sont obtenus avec des poules non acclimatées et en température constante.
Dans les conditions normales d'élevage, la température maximum peut s'élever audessus de ces chiffres sans porter préjudice au troupeau. Les fluctuations quotidiennes de température permettent à l'animal de récupérer, et les fortes chaleurs de l'après‑midi sont d'autant moins préjudiciables que la température de la nuit est plus basse. La fraîcheur nocturne permet aussi à la poule de s'adapter.
Des expériences ont montré qu'en vingt et un jours une poule peut s'adapter et supporter durant quatre heures une température de 37 degrés centigrades sans augmentation sensible de la température centrale alors que le même traitement provoque le premier jour une augmentation de 2 degrés centigrades de cette même température centrale.
L'adaptation de la poule aux fortes températures réside en fait dans son aptitude à absorber de grandes quantités d'eau. La poule ne possède pas de glandes sudoripares et une grande partie de sa régulation thermique se fait au niveau des poumons par évaporation d'eau.
Chez une poule d'un an, cette évaporation est constante jusqu'à 21 degrés centigrades et est de l'ordre de 2 g par heure et par kilo de poids vif soit 96 g par vingt quatre heures pour une poule de 2 kg. Nous avons vu que cette évaporation augmentait au‑delà de 21 degrés centigrades. Elle peut atteindre 3 g par heure et par kilo de poids vif à 32 degrés centigrades soit une évaporation totale de près de 144 g. d'eau par vingt‑quatre heures.
Dans le premier cas, l'évaporation d'eau au niveau des poumons représente environ vingt pour cent des pertes caloriques totales ; dans le deuxième cas, cette valeur approche trente pour cent et peut même atteindre soixante pour cent aux environs de 35 degrés centigrades. C'est dire le soin qu'il faut apporter à l’abreuvement des animaux par forte température, la quantité d'eau consommée pouvant passer de 30 à50 litres pour cent poules lorsque la température s'élève de 21 à 38 degrés centigrades. Il est également important de fournir de l'eau fraîche.
QUELS SONT LES MOYENS D'ACTION CONTRE LES FORTES CHALEURS ?
Nous pouvons agir sur deux points
‑ En premier lieu, sur la‑ température de l'air ambiant.
‑ En second lieu, sur la température des parois.
Notre action sur la température de l'air est très limitée. Dans les meilleures conditions, il est possible d'obtenir dans le poulailler une température égale à celle de l'air se trouvant hors du poulailler. En ventilation dynamique, il est nécessaire pour obtenir ce résultat d'effectuer le brassage de très gros volumes d'air qui seront de préférence prélevés au nord du bâtiment, à l'endroit où la température est la plus basse.
En ventilation statique, la meilleure ventilation d'été est obtenue en ouvrant entièrement sur toute leur longueur deux côtés opposés du poulailler de manière à provoquer un courant d'air au niveau du sol.
En effet, à cette saison, la ventilation par lanterneau est inefficace et tous les bâtiments sans ventilation dynamique devraient, par construction, comporter des panneaux mobiles, ouvrant largement vers l'extérieur au moment des fortes chaleurs.
Nous sommes relativement mieux armés pour éviter un échauffement des parois.
En ce qui concerne le toit, une bonne solution consiste à ménager une ventilation entre les matériaux constituant la couche extérieure et l'isolation. L'échauffement de ces matériaux crée un appel d'air et il s'établit, sous toiture, une ventilation qui retarde l'échauffement de la couche isolante.
Si ce système n'a pas été prévu lors de la construction, il est également possible d'arroser la toiture, à condition de disposer d'eau en quantité suffisante. N'importe quel moyen classique d'arrosage convient à cette opération. L'abaissement de température ainsi obtenu dans le poulailler peut atteindre 10 degrés centigrades.
Quant aux murs ensoleillés, ils seront protégés à l'aide d'auvents ou de débordements du toit.
Ceux‑ci seront calculés de manière à projeter au minimum une ombre sur les ouvertures et au mieux sur toute la surface du mur, aux heures où la radiation solaire est maximum.
De façon plus générale, les parois et le toit peuvent être recouverts d'aluminium, matériau qui réfléchit en grande partie la chaleur rayonnée.
Il ne faut pas oublier que l'orientation joue un grand rôle dans le bien‑être des poules par forte chaleur. Les bâtiments pourvus d'un toit à simple pente, auront leur façade exposée au Sud‑Est. Les bâtiments ayant un toit à double pente, sous réserve des vents dominants, auront leur grand axe orienté Est‑Ouest.
Enfin, il est nécessaire de ménager un espace suffisant entre deux bâtiments voisins afin d'éviter la réflexion des rayons solaires de l'un sur l'autre. Dans tous les cas, un engazonnement autour des poulaillers, en évitant la réflexion des rayons solaires sur le sol, apportera aux poules une amélioration sensible de leur confort.
COMPORTEMENT DE LA POULE AUX BASSES TEMPERATURES
Dans le domaine des basses températures, nous sommes moins bien renseignés par manque de critères physiologiques précis. Nous savons de façon certaine, que les crêtes simples et les barbillons peuvent geler à moins 12 degrés centigrades entraînant une diminution de la ponte et de la fertilité : le problème est beaucoup plus complexe lorsqu'il faut déterminer la température à partir de laquelle on constate une diminution de la production de l'oeuf ou du rendement alimentaire.