PRATIQUE DE L’ACCOUPLEMENT LIBRE
Chez le pigeon, la maturité sexuelle se produit en moyenne à 6 mois d'âge, mais avec de fortes variations en fonction de la taille des oiseaux et dans les deux sens, pouvant aller de 3 mois et demi à 10 mois. Ce sont les mâles qui se déclarent les premiers et commencent à roucouler, souvent même à 3 mois. Les femelles sont toujours un peu en retard, et les tout premiers accouplements ne se pratiquent guère avant 4 mois.
Cette opération peut se pratiquer de deux façons : forcée ou naturelle ; c'est de cette dernière dont il sera question cette fois. Il est préférable de procéder à deux personnes, entre 10 et 16 heures. Les couples se forment de la manière suivante, à quelques variantes près : un mâle commence à se pavaner sur un endroit élevé, dessus de trémie, perchoir ... en écartant les ailes et la queue, avec des roucoulements caractéristiques, ceci afin vraisemblablement d'attirer l'attention d'une femelle. Il vient alors lui prodiguer des attentions plus particulières, révérences, roucoulements, sortes de pas de danse ou petits sauts. Si la belle le trouve à son goût, elle se prête de bonne grâce au jeu, et l'accouplement peut intervenir directement.
Dans les jours qui suivent, le couple ainsi formé ne se sépare plus guère ; on rencontre les deux partenaires en général ensemble, à une place souvent déterminée qu'ils défendent l'un et l'autre. La femelle vient de temps en temps, délicatement, fouiller dans les plumes du cou du mâle qui reste alors passif et semble même parfois s'ennuyer prodigieusement. Il y a à ce stade des " bécotements " fréquents, la femelle plaçant alors la plus souvent son bec dans celui du mâle : c'est d'ailleurs généralement elle qui provoque son partenaire et vient le relancer. Ces séances sont parfois suivies de cochages, annoncés par les démangeaisons intenses des deux partenaires qui se grattent vigoureusement du bec avant de s'accoupler.
Enfin, vient la constitution du nid que le mâle seul prépare avec quelques brins de paille, plumes, débris ... On le voit alors s'y accroupir et appeler la femelle d'un roucoulement feutré et de battements d'ailes légers et rythmés. Lorsque la femelle a adopté l'emplacement, le mâle lui livre alors une chasse implacable chaque fois qu'elle s'en écarte, la ramenant à coups de bec dans une poursuite très particulière. On reconnaîÎtra donc un couple formé aux signes suivants, disposés dans un ordre de certitude décroissante :
‑ " La chasse au nid " est le plus sûr des signes, surtout si elle s'accompagne de coups de bec, et se répète si l'on fait déranger la femelle ; celle‑ci est naturellement toujours poursuivie par le mâle.
‑ Le cochage a également une valeur de quasi‑certitude, sauf s'il existe un sujet malade qui a tendance à s'accroupir, ce qui provoque des tentatives de cochage de la part des mâles. Au cours de l'accouplement, le mâle est généralement sur la femelle, mais l'inverse peut parfois se produire, A signaler aussi que deux mâles peuvent s'accoupler, surtout s'il ne reste pas ou peu de femelles. On les repèrera car ils roucoulent en général l'un et l'autre. Deux femelles peuvent aussi s'accoupler, mais plus rarement et sont bien plus difficiles à différencier avant la ponte. En cas de certitude, il est nécessaire de séparer ces homosexuels, et d'isoler l'un des deux partenaires pendant un ou deux mois.
‑ Les bécotements ne sont une certitude que s'ils sont réciproques. On voit souvent une femelle enamourée venir provoquer successivement plusieurs mâles en tentant de les " embrasser ", sans réponse immédiate ou directe. Il sera bon d'attendre une indication complémentaire.
Il arrive qu'un couple passe inaperçu, et qu'on trouve un jour deux oeufs dans un coin de la volière. Il faut alors baguer le pigeon qui couve et revenir les jours suivants, à une heure différente, jusqu'à ce qu'on trouve l'autre partenaire. Les oeufs peuvent être transférés dans d'autres nids possédant des oeufs pondus à peu près à la même date. On remarquera également que, dans un élevage de jeunes de toutes races et couleurs, ce sont généralement des pigeons de même type ou de même couleur qui s'accouplent ensemble, ceci dans 70 à 80% des cas. D'autre part, un couple se tient, en général, à la même place et côte à côte, même sans démonstration d'amitié : ces indications peuvent aider au repérage.
Une fois que le couple a été repéré, on convient chacun du pigeon à attraper, et on le prend à l'épuisette sans le quitter des yeux un seul instant. En cas de doute, il vaut mieux relâcher les pigeons. Cette opération est assez simple, mais demande une attention soutenue, surtout dans le cas d'une race uniforme où il est souvent difficile de retrouver le pigeon repéré au milieu de dix ou quinze autres s'envolant à votre approche.